Avant d’utiliser les logiciels libres pour mes réalisations professionnelles, j’avais forcément des questions et des doutes sur leurs capacités et leurs possibilités en production. Et même si l’envie était forte de vouloir les utiliser je ne voulais pas que ce soit au détriment de mon travail.
J’avais, bien entendu, fait auparavant plusieurs tests montrant le potentiel et les capacités de ces différents logiciels, mais il fallait que je réalise un projet concret de a à z pour le vérifier…
Premier projet
Ma première réalisation professionnelle est une affiche programme pour La Péniche Cancale en janvier 2014.
La Péniche Cancale est un « établissement culturel et gourmand » dirigée par une coopérative, elle est amarrée depuis novembre 2009 au port du Canal de Dijon.
En 2009, l’équipe fait appel à moi pour réaliser l’identité et les supports de communication de la structure. Les supports sont quatre affiches trimestrielles comportant un visuel et le programme détaillé. Jusqu’en 2013, j’utilise la suite Adobe pour les réaliser.
Début 2014, profitant d’une refonte des supports, j’initie la transition vers les logiciels libres. Les supports seront désormais réalisés avec Gimp, Scribus et Inkscape, jusqu’en 2016, fin de ma collaboration.
La commande
Il s’agit de réaliser, par trimestre, une affiche 30×40 cm comprenant un visuel au recto et le programme au verso. L’affiche est déclinée en trois cartes postales mensuelles. La première est la seule à présenter le programme au recto.
Pour les visuels, j’ai carte blanche. Je réalise des illustrations, soit en vectoriel directement avec Inkscape, ou dans Gimp sous forme de collage intégrant parfois des dessins.
Considérations techniques
Le changement de logiciels ne révolutionne pas la façon de travailler, mise à part une période d’adaptation pour maîtriser de nouvelles interfaces, les fonctions requises et les habitudes restent les mêmes.
Scribus offre l’ensemble des fonctions nécessaires à la réalisation d’une mise en page professionnelle. Parmi ces fonctions, en plus de celles indispensables déjà listées dans cet article, voici celles que j’ai utilisées pour cette réalisation :
- La gestion des repères (Pages > Gestion des repères, onglet Colonne/ligne) qui permet de créer automatiquement les repères de colonne et de ligne et ainsi mettre en place la grille de mise en page. L’activation du magnétisme de la grille permet de positionner facilement chaque élément.
- Les styles (Edition > Styles…) qui permettent de définir les catégories d’infos (Date, Titre, Genre…) et leurs caractéristiques typographiques pour les appliquer facilement et rapidement au texte.
- La création de marges dans les blocs de texte dans l’onglet Colonnes et Distances au texte des propriétés du texte.
- Une autre fonction que j’ai découverte en réalisant ce document est la possibilité d’insérer un saut de cadre (ou bloc) Insérer > Espaces et Sauts > Saut de cadre. Cette fonction m’a permis de traiter le texte dans sa globalité et non pas bloc par bloc. Je pouvais ainsi lier chaque bloc de texte et le faire couler d’un bloc à l’autre en ajoutant un saut de cadre à chaque nouvelle date.
J’ai ainsi pu utiliser l’éditeur interne (Edition > Editer le texte dans l’éditeur) et faire rapidement les corrections sans être obligé de naviguer dans le document.
L’éditeur de texte est également très pratique pour appliquer les styles de paragraphe.
L’impression
Pour cette fonction, Scribus tient également la comparaison avec les logiciels propriétaires. Il offre la possibilité d’exporter des PDF/X certifiés qui garantissent la qualité et l’intégrité des impressions.
Pour ce travail j’ai exporté en PDF/X-3 et je n’ai eu aucun problème pour l’impression.
Cependant par la suite, pour un autre projet avec un autre imprimeur, j’ai eu la mauvaise surprise de me voir refuser le PDF d’impression car il comportait des éléments RVB.
Je pensais que les PDF/X-3 convertissaient dans le profil CMJN incorporé mais ce n’est pas le cas. Le PDF/X-3 autorise les éléments en RVB accompagnés de leur profil, le but étant que ce soit l’imprimeur qui gère au mieux, en fonction de son matériel, la conversion vers le profil CMJN intégré.
Certains imprimeurs le font mais d’autres n’acceptent que le CMJN. Dans ce cas il faut utiliser la compatibilité PDF/X-1a qui n’autorise que les éléments en CMJN et donc convertit tous ceux dont ce n’est pas le cas. C’est le format que j’utilise aujourd’hui pour éviter tout problème.
Au départ j’ai également expérimenté quelques décalages de rendu de couleur. Ce problème n’étant pas imputable aux logiciels. En effet, pendant longtemps, je ne me suis pas vraiment inquiété, ni intéressé aux problématiques de rendu de couleurs. La conséquence, une gestion des couleurs aléatoire qui donnait forcément des résultats aléatoires.
Pour résoudre ces problèmes j’ai dû me pencher sur la question de la gestion des couleurs pour pouvoir mettre en place les réglages me garantissant un rendu optimal.
L’incorporation des polices est souvent source de problème, c’est pourquoi les imprimeurs demandent généralement de les vectoriser. Scribus dispose de cette option à l’export, je l’utilise à chaque fois pour éviter tout problème.
Conclusion
Au final, cette première réalisation s’est très bien passée et m’a confortée dans mon projet de n’utiliser que des logiciels libres pour réaliser mes créations. Choix que je poursuis depuis sept ans avec toujours le même plaisir.
Depuis ce temps, ils ont largement fait leurs preuves et démontrés l’étendue de leurs capacités professionnelles.
Gimp, Inkscape et Scribus sont des excellentes alternatives aux logiciels propriétaires et offrent, à qui le souhaite, la possibilité et le plaisir d’évoluer dans un monde plus libre…
Bonjour, merci pour tout ce travail.
Je cherche des solutions pour une étape absente de vos conseils et pourtant indispensable dans l’édition de livre via Scribus : l’imposition en cahier.
Jusqu’ici je la fait à la main ou en bricolant en bash si je n’ai pas besoin d’être précis mais ce ne sont pas de très bonnes solutions à terme.
Peut-être avez-vous déjà rencontré le problème et auriez des astuces/logiciels à partager.
Merci à vous
Bonjour
Merci pour votre sympathique commentaire.
Concernant votre question sur l’imposition, c’est effectivement une étape indispensable avant l’impression d’un livre.
Cependant si je ne l’aborde pas ce n’est pas un oubli, c’est juste que l’imposition est une étape spécifique à l’imprimeur. C’est lui qui gère les différentes options possibles et réglages nécessaires en fonction de ses machines, de la taille du papier…
De notre coté il suffit juste d’envoyer le PDF issu de notre mise en page en vis à vis en veillant à ce que chaque page soit bien séparée (pas de sortie sous forme de double page).
Même avec un copieur de bureau vous avez une option pour imprimer en livret et c’est la machine qui gère directement le bon placement des pages.
Il doit sûrement exister des logiciels d’imposition mais vous n’en avez vraiment pas besoin.
Après si vous imprimez des livres « maison » vous pouvez tester pdfarranger (il permet de réarranger les pages d’un PDF – suppression, déplacement, rotation, dimension…) il possède également une option Générer un livret
https://github.com/pdfarranger/pdfarranger?tab=readme-ov-file
En espérant vous avoir aidé…